L’ESCLAVE, Éva Delambre

THE NAKED LUNCH 'Et pourquoi la perte d’un chat ne serait-elle pas aussi poignante et déchirante que n’importe quelle disparition? Les petites morts sont les plus tristes, tristes comme la mort des singes'

LA SOCIETE DU SPECTACLE, GUY DEBORD "Jamais plus nous ne boirons si jeunes"

DIRTY 'Elle rota en gloussant. La femme de chambre apporta une cuvette. Elle semblait la servilité, l’honnêteté même. Je demeurai assis, inerte, buvant toujours. – Et vous, l’honnête fille, poursuivit Dirty, s’en prenant à la femme de chambre, vous vous m... en regardant les théières aux devantures pour vous monter en ménage. Si j’avais des fesses comme les vôtres, je les ferais voir à tout le monde. Oui, dans la rue. Elle se dressa, la main dans la fente du derrière. – Sans ça, vous crevez de honte, un beau jour, vous trouvez le trou en vous grattant. Tout à coup, effrayé, je dis à la femme de chambre : – Jetez-lui de l’eau dans la figure... Vous voyez qu’elle s’échauffe. La femme de chambre apporta une serviette mouillée. Mais Dirty, toujours nue, avait sauté du lit.'

MIRKA LUGOSI 'Les dessins de Mïrka Lugosi semblent comme extraits de songes inavouables. De moments évanouis où fantasmes, imaginaire et fantaisies s’entremêlent sous nos yeux. Son trait est lumineux. Sa palette est évanescente. Les paysages incarnent l’Inquiétante étrangeté décrite par Sigmund Freud : attirants et angoissants à la fois. Jalonnés de formes phalliques et fantomatiques, ces territoires lunaires sont emprunts d’une douceur érotique. Ils sont formés de formes racinaires, cellulaires ou volcaniques. Méduses, racines, chevelures, cornes et veines rythment les compositions. Certains de ces éléments surréels sont isolés et comme scrutés par l’artiste. Ainsi, elle dissèque et juxtapose le monde végétal, physiologique, animal, et nous fait entrer dans un univers exaltant.'

GILLES BERQUET 'Une photographie en noir et blanc. Une mise en scène épurée, sobre, sans dramatisation. Une photographie comme un hommage personnel à l’une des plus grandes femmes artistes du XXème siècle, Frida Kahlo. Gilles Berquet a rassemblé trois points de la vie et de la personnalité de l’artiste mexicaine : son handicap, sa sensualité et sa liberté, en tant que femme et en tant que créatrice. Le modèle est nu, assise sur un tabouret sans confort, son corps est tourné vers l’arrière, elle n’affronte pas le regardeur. Un paradoxe puisque Kahlo n’a eu de cesse de s’auto-représenter, de face, affrontant èrement le regard et les jugements des autres. L’image entre d’abord en résonance avec son Autorretrato Con Pelo Cortado (1940) où, seule au milieu d’une pièce vide, elle trône assise sur une chaise en bois. Une paire de ciseaux à la main, elle vient de couper sa longue chevelure noire. Sur le sol, les mèches, comme les ruines d’une vie ancienne. Les cheveux coupés, Kahlo met en avant son caractère masculin, fort et er. La féminité subsiste comme l’attestent la boucle d’oreille et les chaussures à talons. Elle brave là l’autorité patriarcale et s’impose au monde d’une manière forte et radicale. Avec subtilité, Gilles Berquet s’approprie la composition de Kahlo, tout en la modelant avec les autres chapitres de sa vie. '